Contessa 32 (Fr ðŸ‡«ðŸ‡·)

Pourquoi un Contessa 32 ?

De nos jours, choisir un voilier d’occasion n’est pas une mince affaire. Il nous a fallu plusieurs années pour mettre la main sur notre Contessa 32. Il existe tellement de marques et de voiliers d’occasion sur internet que vous pouvez facilement vous y perdre. Les bonnes affaires sont nombreuses, mais les bateaux vraiment marins sont apparemment de plus en plus rare.

Depuis les années ‘60, les dessins et les formes des voiliers ont radicalement changés. A l’époque, les voiliers étaient conçu avec un déplacement lourd et une quille longue. Il s’agissait en général de constructions robustes qui n’était pas faite pour aller très vite. Actuellement, les bateaux classiques à quilles longues se font rares dans les marinas où abonde les coques en fibre de verre fabriquées en masse. Les amateurs d’aujourd’hui semblent d’ailleurs plutôt rechercher la performance et le confort intérieur plus qu’autre chose.

Dès le début de notre recherche nous avions décidé qu’un voilier moderne à quille droite ou en « T » n’était pas pour nous. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’idée d’une coque en forme de baignoire, sortant d’un moule sur laquelle ont rapporte une quille ne nous inspire absolument pas confiance. Rien qu’en observant ces formes modernes on peut déjà présager les secousses lorsque le bateau devra remonter au vent dans un clapot bien formé.

Bien entendu, ces coques modernes sont souvent rapides et performantes et disposent d’espaces intérieurs bien plus confortable. Mais les voiliers modernes sont-ils tout aussi confortable en mer ? En réalité les mouvements d’une coque à quille longue sont beaucoup plus lents et moins saccadés rendant ainsi la vie à bord plus agréable en cas de gros temps. Cela reste un choix personnel et à chacun de voir ce qui lui convient le mieux.

Pour nous, la forme de la coque et le mouvement du bateau sur l’eau font parties des critères décisifs dans le choix d’un voilier. Nous aurions donc pu choisir une coque en forme à quille longue. Mais en réalité, le choix  d’un voilier est souvent un compromis impliquant divers facteurs: budget, confort, vitesse etc…D’un côté nous avions le choix entre un voilier classique à déplacement lourd et à quille longue. De l’autre, il y avait moult choix parmi les coques modernes qui remplissent nos marinas. Cependant, aucune de ces possibilités ne semblaient convenir à nos exigences. C’est ainsi que notre choix s’est porté sur le Contessa 32. Un voilier conçu à cheval sur les deux époques. En sommes, un dessin héritier du Folkboat mais bénéficiant des performances d’une coque moderne.

Le Contessa 32 n’a pas une quille longue, mais n’a pas non plus une quille rapportée et boulonnée sur la coque. En réalité, il s’agit d’un lest en plomb encapsulé dans la coque. Par ailleurs, les performances du Contessa 32 à toutes les allures sont particulièrement satisfaisantes. Mais il s’agit surtout d’un bateau qui affectionne le près.

Dans le monde anglo-saxon, de l’autre côté de la Manche, le Contessa 32 est considéré comme un bateau légendaire. Et ce pour plusieurs raisons. Ce n’est pas seulement un voilier avec une bonne réputation. En fait, c’est un dessin particulièrement bien réussit. Il semble que la forme de sa coque, son déplacement semi-lourd ainsi que ses lignes soit une combinaison très réussie.

Mais c’est lorsque le bateau est au sec que l’on se rend compte de sa forme initiale. De l’étrave au pied de la quille, la forme en « S » avec un « V » particulièrement prononcé dévoile les capacités à fendre les vagues. Cette conception inédite est née d’un dessinateur particulièrement bien inspiré appelé David Sadler et d’un constructeur très talentueux, Jeremy Rogers.

Contessa 32: histoire et dessin

Architecte: David Sadler

Constructeur: Jeremy Rogers

Contessa 32 caractéristiques

Long. Coque: 9,75m

Long. Flottaison: 7,32m

Bau maximum: 2,90m

Tirant d’Eau: 1,68m

Déplacement en charge: 4309 KG

Poids du Lest: 2042 KG

Rapport Déplacement/Lest: 47%

Surface de voilure: 52 m2

Dès le début des années ‘60, J.Rogers construisait déjà des Folkboats moulés à froid. Il rencontra David Sadler qui, à l’époque, faisait partie de ces clients. Ce dernier avait eu l’ingénieuse idée d’installer un gréement en tête de mât sur son Folkboat. Ce fut comme une révélation car visiblement le nouveau gréement était particulièrement performant. Ainsi, l’idée de mouler un voilier en fibre de verre basé sur les formes du Folkboat allait voir le jour. De là, naquit le célèbre Contessa 26. Ce CO26, conçu par David Sadler est né en 1966.  Le voilier eu tout de suite un grand succès et nombres de commandes furent passées à Jeremy Rogers qui les construisit dans son fameux chantier de Lymington. Mais très vite, arriva la demande pour un voilier plus grand mais aussi plus confortable. Les règles de courses IOR des années ‘70 évoluaient de plus en plus et David Sadler re-dessina la quille longue du CO26 en une quille semi-longue avec un safran sur skeg. Ce fut l’avènement d’une nouvelle ère avec une conception qui allait révolutionner l’architecture des voiliers de plaisance. En passant de la quille longue du CO26 à une quille semi-longue, le nouveau Contessa 32 devenait un voilier capable de remonter au plus près du vent.

En 1971, le Contessa 32 fut exposé pour la première fois au Salon Nautique de Londres. Et en 1972, il remporta le prix du meilleur voilier du Salon. Ce vif succès explosa les commandes à tel point que J.Rogers n’arrivait plus à suivre. La liste d’attente s’allongea très vite. Il fallait dès lors attendre jusqu’à deux ans pour commander un Contessa 32. A la fin des années ‘70, l’entreprise de J.Rogers employait jusqu’à 200 personnes. Malheureusement, à la fin de la décennie, la collaboration de J.Rogers avec D.Sadler arriva à son terme. Mais d’ores et déjà, le Contessa 32 était devenu une légende.

Très vite, le voilier fait ses preuves lors de la tristement célèbre course du Fastnet 1979 durant laquelle le Co32 « Assent » fut le seul bateau (sur 58 participants) à terminer la course dans sa catégorie. Dès lors, ce que l’on retiendra du Co32, ce sont ses qualités marines et sa capacité à survivre dans le gros temps.

Courbe de stabilité & angle de gîte

Du point de vue de la conception, il est particulièrement intéressant de se pencher sur la « Courbe de stabilité » du Co32. Dans le magazine « Yachting Monthly » d’Avril 2015 ont trouve un article très instructif, écrit par Nigel Calder et Chris Beeson, qui explique en quoi consiste exactement cette « Courbe de stabilité ». A titre d’exemple, les auteurs comparent un Bavaria 32 avec un Contessa 32. Les conclusions de l’article sont surprenantes.

Dès les premières lignes de cet article on peut lire: « La courbe de stabilité est une façon de mesurer combien un bateau peut gîter avant de se retourner et de se renverser – en d’autres termes sa résistance au chavirage »

Un peu plus loin, dans le même article on lit: « Même avec son mât à 66° au dessous de l’horizontale, le Contessa 32 se redresse toujours ! »

Yachting Monthly April 2015: « Understand your boat and her statistics.» by Nigel Calder & Chris Beeson.

Dessin Classique vs Dessin Moderne

Dans un article plus ancien édité par Yachting Monthly (Février 2010), le Co32 était déjà comparé au Bavaria 32 impliquant un ensemble de critères plus complets, incluants les performances, le plan de voilure, le plan de pont, les aménagements etc…A la fin de cet article, les deux voiliers sont notés avec leurs points faibles et leurs points positifs. Cette notation montre clairement que les aménagements intérieurs du Co32 sont nettement moins confortables que ceux du Bavaria 32. Mais sous voile, c’est tout le contraire: le Co32 se montre bien plus performant. Ici encore on remarquera que le Co32 n’est pas vraiment destiné à des marins qui passe leur temps dans les marinas. Et qu’en est-il des déplacements sur le bateau dans une mer formée ? Tout semble alors devenir subjectif concernant la sécurité, l’ergonomie et le confort des aménagements intérieurs. Ce que l’on appréciera particulièrement sur le Co32,  c’est un intérieur très classique et des aménagements conçus pour être pratiques en mer.

Aménagements intérieurs  

Sous le pont, le Co32 donne tout de suite l’impression d’être à bord d’un voilier de l’époque classique. Il s’agit en fait d’une conception assez courante dans les voiliers des années 70. Après la descente, on trouvera un coin cuisine sur bâbord: compacte et fonctionnelle à la gîte. Sur tribord se situe une vraie table à carte où l’on a l’aisance de déplier une carte papier. Quant aux couchettes du carré, elles sont larges et confortables même pour une personne de grande taille. Bien entendu, avec ses 2,90m, le voilier n’est pas bien large, mais les rangements sont nombreux et chaque petit espace est optimisé. L’une des caractéristique du carré est cette table centrale qui se rabaisse et permet de transformer la banquette bâbord en lit double.

Choix et compromis

Très souvent dans les livres ou les magazines de voile on peut lire que le choix d’un voilier est une question de compromis. Sans aucun doute, cela a du sens. Le choix d’un bateau dépend certainement des aspirations de chacun en matière de navigation. Un Bavaria 32 pourrait très bien convenir à ceux qui souhaite profiter de quelques semaines de croisières chaque été autour des îles grecques. Mais pour nous, posséder un voilier et vivre à son bord est le rêve de toute une vie. Nous voulions que notre bateau soit quelque chose de spécial, quelque chose de différent par rapport aux caravanes flottantes produite en série, même si cela signifiait moins d’espace intérieur et un style de vie à bord plus spartiate.

Après quelques mois de travail à bord, force est de constater que la seule zone vraiment étroite et difficile d’accès à bord, c’est l’espace moteur. Néanmoins, on accède à ce dernier par l’avant ainsi que par les deux côtés, ce qui est déjà raisonnable pour un bateau de cette taille. En règle générale, nous pensons que le bateau convient parfaitement pour qu’un couple puisse profiter de belles traversées et pouvoir vivre à bord quelques mois par an. Mais là encore, il s’agit d’un point de vue très subjectif. Certains navigateurs veulent plus d’espace intérieur et ne se plairaient probablement jamais à bord d’un Co32. D’autres, comme Roger Taylor à bord de MingMing, dans un esprit encore plus minimaliste, ont réalisés des voyages incroyables à bord de petits voiliers comme le Corribee 21.

En conclusion, on pourrait avancer que les qualités marines n’ont strictement rien à voir avec la taille du bateau. Il est donc préférable de naviguer à bord d’un plus petit voilier, que l’on peut facilement gérer en équipage réduit, plutôt que d’être confronté à des forces plus importantes lorsque les choses se compliquent. Et encore une chose (et non des moindres), à retenir à propos de la taille des bateaux: le budget. Un petit voilier est toujours plus facile à entretenir qu’un voilier plus grand. Comme nous l’avons tous déjà entendu ou vécu: gros bateaux…gros problèmes !

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